Les cérémonies religieuses

La communauté Juive de Vichy se souvient…

Beaucoup de monde attendait à 12h dans le hall de la synagogue de Vichy ce 23 avril 2016 beaucoup de monde que le froid et le temps maussade n’avaient pas découragé.

Les représentants des diverses associations de déportés , d’anciens combattants, de plusieurs partis, des membres du culte musulman, des élus, dont Vichy bleu marine, avaient tenu à être présents pour honorer la mémoire de ceux qui étaient décédés dans des conditions atroces.

Puis les hommes portant la Kippa entrèrent, s’installèrent à droite de l’Arche Sainte et les femmes à gauche; la cérémonie commença par un très beau chant religieux entonné par un groupe d’hommes face à la bimah ( table de lecture), intitulé A Ben Ya Kir li : mon fils chéri .

Ensuite le maître de cérémonie énonce le programme, évoque le décès d’Alexandre Kadinsky et donne la parole à Madame London. Elle rappelle brièvement comment naquit cette journée nationale de commémoration sous la présidence de René Coty, en 1954; puis elle cite les chiffres des familles de notre département qui ont été déportées et insiste sur l’engagement citoyen dont firent preuve dans leur vie de tous les jours ceux qui eurent la chance de revenir , comme s’ils voulaient se faire pardonner d’être vivants.

Le rabbin Daniel el Haddat psalmodie une première prière, traduite par le maître de cérémonie : c’est une invocation à Dieu et à sa miséricorde, mais au moment où il commence à citer tous les lieux mémorables où les juifs ont trouvé la mort, sa voix se brise et il repasse la parole à Mme London. L’assistance est debout, les drapeaux déployés, le recueillement est maximal. La seconde prière est une louange à Dieu le Kaddit : l’assistance répond et le rabbin répand de l’encens .

Ensuite M Athlan , président honoraire de la communauté ouvre l’Arche Sainte et présente la Torah; l’assistance entonne un chant religieux.

La prière pour la République Française termine la cérémonie; elle est un appel à l’union, à la concorde des peuples et une évocation reconnaissante et respectueuse de la mission des soldats français qui défendent hors de nos frontières les valeurs auxquelles nous sommes si attachés.

M Athlan ferme l’Arche et un choeur d’hommes chante un chant de départ à plusieurs voix absolument magnifique: je me serais crue au pays basque ou en Corse, éblouie par ces airs de bergers montagnards.

Un pot de l’amitié vint clôturer cette matinée si émouvante.

La messe à Saint Louis ce même jour à 18h

Le temps n’avait pas changé d’humeur lorsque le père Diouf fait entrer les représentants des associations d’anciens combattants et de déportés, qui avancent dans l’allée centrale , drapeaux déployés, et se posent derrière l’autel , donnant ainsi le signal du commencement de l’office .

À ma connaissance aucun représentant de la municipalité ni du culte juif n’était présent à cette cérémonie .

Le père Diouf prononce un discours de bienvenue qui de suite nous renvoie à cette phase sombre de notre Histoire; la déportation ajoute-t-il conduit à l’extermination de personnes de tout âge, de toute nationalité, de toute opinion . Nous la portons dans notre prière d’aujourd’hui et elle doit nous servir de leçon.

La confrontation avec l’actualité qui nous montre sans cesse des atrocités peut permettre malheureusement d’en douter.

Les différentes lectures qui suivirent ouvrent sur de belles perspectives de réflexion et de rapprochement avec cette journée nationale du Souvenir: l’extrait des Actes des Apôtres( 14, 21b-27) attire notre attention sur ce constat: il faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume des cieux, de même la lecture d’un passage de l’Apocalypse de Saint Jean . L’évangile , lui, trace plutôt une perspective d’amour avec cette belle remarque du Seigneur, reprise dans l‘homélie du père Diouf : il faut vous aimer les uns les autres….Voilà un commandement qui a du échapper aux bourreaux de tous ceux qui moururent en déportation.

Aimer, a-t-il précisé, c’est un renoncement à soi même, mais les victimes de la déportation n’avaient plus de «soi-même»: leur identité profonde avait été piétinée, niée.

La prière universelle met l’accent sur tous ceux qui souffrent physiquement et moralement dans le monde( guerres, séismes etc.) ; puis le père Diouf confie à Dieu l’âme de tous ceux, très nombreux , décédés cette semaine dans la paroisse ainsi que celles de tous les déportés…

Après la communion et la bénédiction finale , les représentants des associations , drapeaux déployés, repartent par l’allée centrale , suivis par les participants , qui quittent l’église , lentement.

Marie-José Conte

Secrétaire départementale du Collectif Racine

Le 23/04/2016

 

Lien Permanent pour cet article : http://vrbm.poweredbyclear.com/flexshare/vrbm/?page_id=4428